Loin de n’être qu’une question politique, la souveraineté numérique concerne directement les acteurs de l’économie. De plus en plus enfermées dans des solutions cloud opérées par des éditeurs étrangers, les entreprises françaises en sont aujourd’hui conscientes : il est urgent de changer de modèle et de s’orienter vers des solutions locales.
La souveraineté numérique : un enjeu toujours plus important
En France, et plus largement en Europe, la souveraineté numérique est un sujet brûlant. Des fournisseurs cloud aux réseaux sociaux, en passant par les outils collaboratifs, les entreprises françaises évoluent dans un environnement digital dominé par des solutions américaines. Par conséquent, la grande majorité des données occidentales sont aujourd’hui stockées aux États-Unis : une situation qui questionne la capacité des organisations à garantir la confidentialité de leur data.
Pour tenter d’y remédier, le gouvernement a lancé des investissements massifs pour soutenir le numérique souverain et les logiciels open source au cours des dernières années. L’un des derniers exemples en date est le plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros, qui doit permettre de rattraper le retard industriel du pays et d’investir massivement dans les technologies innovantes.
Ce plan a notamment contribué à financer la création de plateformes collaboratives souveraines comme CollabNext ou IS Suites, conçues pour rivaliser avec les outils bureautiques des géants de la tech.
Au niveau européen, également, les initiatives se sont multipliées en faveur de la protection des données : révision de la directive sur la sécurité des réseaux et des systèmes d’information, schéma de certification européen de l’Agence Européenne de cybersécurité…
En outre, le développement d’un cloud souverain fait partie des priorités affichées par l’UE, comme l’illustre le projet Gaia-X, dont l’objectif est de mettre au point une infrastructure de données commune à l’échelle européenne. Il vise ainsi à mettre à disposition des entreprises des espaces de données interopérables, permettant d’échanger des données en toute confiance et en toute sécurité.
Des initiatives bienvenues mais insuffisantes (ou trop tardives) pour contrer l’hégémonie des géants technologiques qui détiennent l’essentiel du marché du cloud.
Souveraineté numérique : quel impact sur les entreprises françaises ?
Malgré les efforts mis en œuvre dans l’Union européenne, de nombreuses organisations françaises dépendent encore d’Amazon, Google ou Microsoft pour le stockage et la gestion de leurs données. Un monopole qui met en péril l’autonomie économique et technologique des entreprises locales, mais aussi la sécurité de leurs informations.
Dans ce contexte, il est urgent de reconnaître l’importance capitale de la souveraineté numérique, mais aussi de l’inclure directement dans les pratiques des organisations. Pour faire écho à la responsabilité sociétale (RSE), qui reflète la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable, il serait judicieux de voir émerger une notion de « responsabilité numérique« .
Heureusement, la prise de conscience semble s’accélérer, comme en témoigne une étude réalisée par Jamespot en 2023 :
- 9 décisionnaires IT/SI sur 10 sont familiers avec le concept de souveraineté numérique et les 2/3 d’entre eux savent exactement à quoi cela correspond.
- 8 décideurs sur 10 déclarent que la souveraineté numérique est importante pour leur entreprise.
Le Baromètre de la souveraineté numérique 2023 montre également des signes encourageants. Les grandes entreprises, en particulier, mettent de plus en plus l’accent sur la souveraineté numérique. Le nombre de contrats signés par des grands groupes avec des éditeurs français de cybersécurité et de solutions cloud ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années.
Cette évolution des comportements d’achat, privilégiant le « Made in France », n’est pas qu’un parti pris ou un effet de mode. Elle s’explique également par la maturité des logiciels français au niveau technologique et opérationnel, mais aussi sur le plan du marketing.
Acheter français tout en choisissant une solution performante et compétitive : c’est possible ! D’ailleurs, la souveraineté numérique ouvre de toutes nouvelles opportunités de croissance. En s’appuyant sur des outils français, les entreprises peuvent créer ou renforcer une relation de confiance avec leurs clients, en garantissant la confidentialité de leurs données et leur traitement dans le respect des réglementations européennes.
Plus de souveraineté, c’est aussi moins de risques de violation de la data, avec les nombreuses répercussions qu’un tel événement peut avoir sur la réputation et les finances d’une entreprise.
Enfin, en mettant en avant sa responsabilité numérique, une organisation peut répondre aux attentes grandissantes des consommateurs en matière d’éthique et de transparence dans la gestion des données personnelles.
Les solutions de Business Intelligence : en première ligne face à l’enjeu de la souveraineté numérique
Parce qu’elles permettent de collecter et de traiter de grandes quantités de données, les solutions de Business Intelligence sont particulièrement concernées par la question de la souveraineté numérique. Le choix d’une plateforme française, hébergée en France, est donc crucial pour éviter d’exposer vos données, celles de vos clients ou de vos partenaires.
En effet, une solution BI française n’est pas soumise aux réglementations étrangères qui ouvrent la voie à de potentielles ingérences dans la data, à l’instar des lois américaines FISA ou CLOUD Act. C’est donc un levier indispensable pour garantir la protection des données, mais aussi un traitement plus responsable de cette data.
Alors que les initiatives françaises et européennes en faveur de la souveraineté numérique se multiplient, les entreprises intègrent de plus en plus la nécessité d’adopter des alternatives locales aux solutions des géants américains. Toutefois, cette « responsabilité numérique » ne doit pas être vécue comme une contrainte, mais plutôt comme un moyen de saisir de nouvelles opportunités de croissance et de répondre aux attentes des individus, soucieux de protéger leurs données personnelles.